Ces trois études élèvent le regard vers le ciel, l’espace, l’univers. L’orgue, suspendu entre la terre et le firmament, devient ici vaisseau cosmique, déployant sa puissance, sa lumière, et le mystère de ses sonorités célestes.
Initialement conçues pour un orgue à trois ou quatre claviers, ces pièces sont pleinement adaptables à un instrument à deux claviers. Les indications de registration sont données à titre suggestif : l’organiste est libre de les interpréter, de les transformer, voire de les multiplier selon son imagination et les ressources de l’instrument. Les indications entre parenthèses indiquent des suggestions laissées à l’appréciation de l’interprète.
Étude n°1 – Laniakea
Pour des claviers de 56 notes (do1 – sol5) et un pédalier de 27 notes (do1 - ré3)
Cette étude repose sur un motif inspiré d’un jeu de symétrie digitale : 1–5 et 2–4 à chaque main (cf. mesure 7, par exemple). Deux accords issus de cette structure alternent, évoquant un tournoiement sans fin, à l’image d’une galaxie lointaine ou d’une étoile en rotation.
La main voyage sur le clavier, sollicitant particulièrement les 4ᵉ et 5ᵉ doigts, développant ainsi agilité et indépendance. Le motif se déploie sur des jeux brillants, répartis sur plusieurs claviers et registres. Ce mouvement démultiplié évoque pour moi un horizon céleste vaste et lumineux : Laniakea, ce superamas galactique qui, malgré son immensité, ne constitue qu’un fragment de l’univers observable.
Étude n°2 – Rayonnements célestes
Pour des claviers de 52 notes (do1 – ré#5) et un pédalier de 30 notes (do1 - fa3)
Cette étude explore toutes les facettes du trille : bref ou prolongé, aux mains ou aux pieds, parfois étiré jusqu’au tremolo. Le trille s’accompagne d’un balancement régulier de deux notes staccato, aux timbres purs, autour desquelles gravitent des fragments mélodiques, comme des satellites égarés, souvenirs de trilles passés.
Progressivement, ce mouvement s’amenuise pour laisser émerger un plein-jeu agité de vibrations internes. Des notes longues percent alors la texture sonore, telles des rayons diffus à travers un ciel sonore en effervescence. Le do dièse final (mesures 58 à 62), ultime éclat lumineux, vient teinter d’un voile pâle une harmonie assombrie, dernier rayon perdu dans l’espace.
Étude n°3 – Météores
Pour des claviers de 51 notes (do1 – ré5) et un pédalier de 32 notes (do1 - sol3)
Sur des mesures irrégulières, cette étude fulgurante explore la vélocité et l’éclat. Dès l’ouverture, un motif rythmique déclenche une pluie de notes extrêmement rapides, comme détachées du thème, éclats lumineux rappelant les traînées incandescentes des météores traversant l’atmosphère.
Des mélodies circulaires, dans la lignée de mes motifs tournoyants déjà présents dans mes œuvres antérieures, accompagnent ce feu d’artifice sonore. On peut également y percevoir une métaphore du temps : des horloges célestes invisibles dictant le mouvement des astres et scandant le silence infini du cosmos.