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Cercles Réfléchissants

MODES ET ACCORDS RÉFLÉCHISSANTS

Cet ouvrage se caractérise par la présence de nombreux modes et accords réfléchissants. Ces procédés prolongent la nature parfaitement symétrique de la gamme chromatique tempérée.
Dans l'échelle chromatique, un intervalle unique de demi-ton est reproduit exactement et indéfiniment (symétrie répétitive). Par ailleurs l'octave - qui donne naissance à la gamme et aux modes - se divise en deux par un centre de symétrie qui réfléchit chaque note l'une par rapport à l'autre (symétrie réfléchissante).
Il n'existe que quatre échelles possédant ces deux qualités du chromatisme (les modes chromatiques « parfaits ») et il existe trente-cinq modes possédant l'une de ces deux qualités (les modes sous-chromatiques).
On distingue deux types de modes sous-chromatiques : ceux reproduisant des groupes symétriques (on en compte douze) et ceux ayant des centres de symétrie (on en compte vingt-trois).
Nous nommons la première catégorie « modes à symétrie répétitive » et la deuxième catégorie « modes réfléchissants ». Certains modes réfléchissants sont construits à partir d'un centre de symétrie réel (une note précise), d'autres à partir d'un centre virtuel (inaudible). Les propriétés de ces modes peuvent donner naissance à d'innombrables accords symétriques, leur nombre est vertigineux.
La portée musicale, poétique, philosophique et symbolique de ces procédés d'écriture est vaste. Ils sont constamment employés dans le présent ouvrage.

INTRODUCTION A L'OEUVRE

Cet ouvrage s'articule autour d'une pièce centrale intitulée Cercles Réfléchissants, noyau dur de l'oeuvre, qui emploie une écriture d'une extrême rigueur en ce qui concerne les hauteurs des notes. Chaque note est ici liée à une autre par une symétrie qui crée les mélodies, modes et harmonies.
Six autres mouvements se placent par symétrie autour de cette pièce, chacun d'entre eux étant lié à un autre et employant de manière plus suggestive les procédés « réfléchissants ».
On distingue par ailleurs trois éléments récurrents dans tout le recueil. Les deux premiers sont des cercles mélodiques (A) et un thème lyrique (B) caractérisé par un intervalle de sixte majeure. Le troisième élément (C) est un refrain formé par des accords réfléchissants dont la partie de soprano énonce B. Ce refrain C apparaît pour la première fois dans Cercles de Danses (à partir de la mesure 122).

1. Cercles de Danses (8 mn 45 s)

Cette oeuvre en quatre parties fait émerger les éléments du discours présents dans l'ensemble de l'ouvrage. La pièce évoque plus ou moins distinctement le caractère d'une toccata.
Après un impact de tierces « réfléchissantes », des notes répétées énigmatiques apparaissent progressivement, entourées par les mélodies A et B.
Le discours s'éteint brusquement et présente un balancement harmonique serein au parfum exotique imaginaire, baigné de mélodies circulaires. Cette période conduit à une présentation lumineuse du refrain C.
Cachées par des harmonies lointaines et des bribes mélodiques thématiques, les notes répétées d'abord hésitantes finissent par s'affirmer. Les éléments se combinent et se superposent jusqu'à un tourbillon final de cercles mélodiques.

2. Cercles de Vent (4 mn 10 s)

Un lamento inspiré du thème lyrique (B) devient de plus en plus tourmenté. Il forme une longue préparation (anacrouse) de 77 mesures, conduisant à l'affirmation du refrain C, majestueusement souligné sur le tutti. L'oeuvre fait une large place à des accords enveloppants et à des successions ascendantes de modes réfléchissants.

3. Trait d'union 1 (1 mn 40 s)

Ce bref mouvement présente en alternance les thèmes A et B. A se dégage au soprano à travers des arpègements fugitifs très rapides et B présente de délicates harmoniques aigues, lentement déclamées. La deuxième apparition est marquée par une progression d'accords de plus en plus lumineux.

4. Cercles Réfléchissants (4 mn 10 s)

Le caractère libre du mouvement dissimule une écriture extrêmement contraignante, de type « réfléchissant ». Les cercles se succèdent et les accords symétriques atteignent onze voix.
La coda rend aux sons toute leur liberté.

5. Trait d'union 2 (1 mn 25 s)

Rappelant Trait d'union 1, ce bref mouvement alterne et superpose A et B. Les cercles (A) harmonisés à 6 voix reviennent continuellement, comme un refrain, et créent une impression de tournoiement.

6. Cercles Harmoniques (6 mn 20 s)

Cette oeuvre est construite en trois parties. DIALOGUE : le thème B en canon conduit à un flux de sons harmoniques aigus. HARMONIQUES : le flux de notes harmoniques rappelle Cercles de Vent et s'intensifie en forme de grandes vagues lumineuses. CERCLES : le thème A se propage et achève l'oeuvre.

7. Cercles Lointains (5 mn 10 s)

Cette oeuvre en deux parties fait disparaître les éléments du discours présents dans l'ensemble de l'ouvrage. La pièce évoque plus ou moins distinctement Cercles de Danses.
Des cercles ouvrent l'oeuvre avec force et finissent par s'effondrer, laissant le refrain C leur répondre doucement. Suit une montée en puissance qui rappelle le caractère de toccata de Cercles de Danses. Les cercles se développent et les éléments thématiques se superposent. Après un tutti flamboyant, le discours s'éteint rapidement et dessine des réminiscences des mouvements précédents. Les cercles meurent progressivement et l'oeuvre s'essouffle jusqu'à un mi grave lointain et à peine audible.

(Durée totale de l'ouvrage : 32 mn env.)
Jean-Baptiste ROBIN