Mentions légales - EN |​FR
Trois Destinées

Ces trois pièces ont été composées au printemps 2020 lors du premier confinement de la population française face à la propagation du coronavirus.
Ce contexte exceptionnel fut un lien inattendu avec le sujet même de la commande de l’œuvre : la guerre, l’incertitude, l’union des peuples et la liberté retrouvée au lendemain de la seconde guerre mondiale.
C’est donc ici à la fois la crise de 1939-45 qui est exprimé, mais aussi, par son ressenti, celle de 2020. Les textes inédits alternent le français et l’allemand et illustrent la réunion de ces deux pays après le conflit.
Das Wort  (le mot).  Jean-Baptiste Robin a écrit ce poème en allemand au moment où le confinement débute en France et ce changement de vie brutal lui évoque le début du conflit de 1939.  L’orchestre y est énergique, traduisant le tumulte du monde et de la société d’avant. Mais la voix entrecoupe ces élans et exprime l’angoisse de ce qui va inexorablement arriver. Le mot, c’est la guerre qui bouleverse le monde et dont on ne sait encore ce qu’elle aura comme conséquences. 
Prière. Le texte en français de la poétesse Marilène Meckler évoque ici la nostalgie du passé, les rêves brisés et l’incertitude des jours futurs. Le texte évoque le printemps 2020 où l’Europe était paralysée, mais aussi les regrets et les espoirs perdus durant la guerre. Un long et sombre ostinato se déploie et malgré quelques lueurs optimistes son élan tragique et implacable ne l’arrête jamais.
Hymne. Cette mélodie mêle des textes en français de Marilène Meckler et des textes en allemand du compositeur. Ce bref mouvement n’est autre qu’un chant de délivrance et de libération vivifiante. Il s’achève par l’évocation de l’hymne national français qui incarne le courage des peuples face à leur destin.

TROIS DESTINÉES pour orchestre et soprano

1. Das Wort

Die Stunde schlägt !
Die Welt wartet auf ein Wort.

Mein Herz singt vor Bitterkeit ...
Die letzte Momente der Freude
fallen wie der Regen

Angst, Einsamkeit, Ungewissheit, und Tumult
Die Welt fürchtet das Wort, das vergiftet

Es wandelt, ich höre ihn,
Es zerschindet alle Ohren.
Es wird nie aufhören

Er singt "Auf Wiedersehen"
und feiert die Vergangenheit, die verrinnt
Dieses Wort lässt sich auf allen Lippen lesen
Und meine Gedanken fliegen hinfort

Du radierst die Karten aus
Du vergisst Menschen

Texte : Jean-Baptiste Robin

2. Prière

(Vêtu de noir, rôde un péril près des berceaux)

Les jours de ce printemps se comptent pas à pas.
Il pose une aube grise, au seuil de notre angoisse
Et ne sait plus saisir, quand sonne le trépas,
Le langage des fleurs qui, tristement, se froisse.

Les enfants éteindront, dans leurs nouveaux dessins,
Les soleils qui, jadis, faisaient briller le rêve.
Las, je range ma plume et mes alexandrins
Lorsque la Muse, en pleurs, s’en va cacher le glaive.

Le crépuscule inquiet provoque le frisson.
La nuit montre du doigt la lune qui s’affole.
Alors, tout le pays redouble, à l’unisson,
De prières, d’espoirs, qui perdent la parole.

Sans relâche et sans frein, nous voulons nous sauver,
Avançant, dans le noir, en quête d’une étoile,
Accrochant nos regards aux cieux, sans rêver,
Tels ces vœux de marins festonnant la grand-voile.

Texte : Marilène Meckler


3. Hymne

Viens partager mon ciel
grisante liberté
Rechercher ta parole
Est le plus beau voyage

Heroisches Segelboot
Trotzend den Grenzen
vom Wind der Hoffnung
Ich werde Ihren Namen auf dem Horizont schreiben

S'inscrira la menace au chevet de mes veilles!
À la source du rire, aucun de tes oiseaux
Ne viendra plus s’ébattre et gober les groseilles.
Mais, ton chant, liberté, voguera sur les eaux

Unsere gemeinsame Suche ist die Freiheit

Marilène Meckler (texte en français)
Jean-Baptiste Robin (texte en allemand)