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Jean-Baptiste ROBIN
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Sur un Sommet

Beaucoup moins répandu que le trio à cordes ou avec piano, le trio d'anches (hautbois/clarinette/basson) a séduit de nombreux compositeurs au 20ème siècle, français pour la plupart, ne serait-ce que parce que ceux-ci, coloristes, se sont à toutes les époques intéressés aux instruments à vent, la diversité de leurs timbres et les possibilités variées d'alliages de couleurs qu'ils permettent semblant offrir davantage de ressources que la « monochromie » des cordes. C'est d'ailleurs en France que se constitue en 1927 le premier ensemble officiel (« Le Trio d'anches de Paris ») qui réunit Fernand Oubradous, Myrtil Morel et Pierre Lefebvre, formation à l'origine de nombreuses commandes.

Les cinq mouvements du Trio de Jean-Baptiste Robin (2016), Sur un sommet, lointain descendant de cette riche lignée, rapprochent l'oeuvre du genre sérénade (dans lequel les vents jouaient un rôle important au 18ème siècle). La partition suit également un programme narratif qui rappelle, en miniature, certains épisodes de l'opulente Symphonie Alpestre (1915) de Richard Strauss. L'oeuvre retrace en effet l'ascension du Mont-Blanc par trois musiciens de l'Orchestre des Pays de Savoie, à l'occasion des trente ans de la formation.

1. Jubilations (Allegro). Ce mouvement initial traduit l'ardeur de l'ascension, qu'accompagne un dessin de croches régulières, ostinato qui circule en alternance aux trois instruments.

2. Nuit (Lento). Ce bref choral, troué de silences, évoque la nuit passée au refuge.

3. De l'aube jusqu'aux cimes (Luminoso). Ce second Allegro, dont les textures rythmiques s'animent progressivement, traduit les sublimes visions qui assaillent les alpinistes à l'aube : le ciel étincelant et les reflets sur la neige. L'ostinato rythmique syncopé du basson accompagne leur marche semée d'embûches.

4. Les marches au sommet (Lento). Ce second mouvement lent évoque les derniers efforts des marcheurs qui approchent du sommet, alors que le pas se fait plus lourd et la respiration plus haletante. Le crescendo des dernières mesures nous apprend que le but est enfin atteint.

5. Postlude (Allegro). Ce bref et rythmique finale dépeint la redescente des voyageurs, heureux de regagner la terre ferme.

Gilles THIEBLOT