Depuis des millénaires l'homme mesure et cherche à apprivoiser le temps. Depuis la plus haute antiquité, des phénomènes naturels comme le déplacement de l'ombre ou le cycle lunaire conduisent à tenter d'en évaluer le déroulement. Le temps est aujourd'hui mesuré avec une extrême précision et se matérialise par l'intermédiaire d'objets qui le rendent plus concret.
En musique, la pulsation mesure le temps et en dégage une énergie palpable et physique, comme par exemple le tic-tac du balancier d'une horloge qui donne vie au silence. Dans The Hands of Time, les mains de l'organiste sont appelées à recréer des sonorités d'horloges et à évoquer des mouvements circulaires représentant les aiguilles d'un cadran ou le mouvement des astres. Ce lien presque charnel avec le temps est un préambule à la poésie de cette oeuvre.
On distingue ici deux idées principales : un balancement lugubre et tournoyant (mesure 16) et une mélodie étirée (mesure 92), forte, tragique et construite autour de quatre notes (la forme du carré). Ces éléments développés culminent sur douze accords répétés (mesure 304) qui évoquent les douze divisions du temps. Suit une longue phrase, profondément apaisée, teintée d'espoir et de résignation. Celle-ci est répétée à l'identique mais dépareillée de toute complexité, pour apparaitre pure et réduite à l'essentiel.
Avec cette pièce, ce sont les ombres et les lumières qui me traversent que j'ai voulu explorer. L'écoulement inexorable du temps et l'envoûtement de ses éléments ont teinté mon imaginaire d'énergie et de mort, de temps et de silence, de présent et de passé.
L'oeuvre se referme (mesures 366 à 375) comme elle a commencé (mesures 1 à 13).
Jean-Baptiste Robin