L'Agartha est un royaume légendaire qui serait relié aux cinq continents par l'intermédiaire d'un vaste réseau de galeries et de tunnels souterrains. Cette croyance se retrouve dès l'Antiquité. Selon la légende, il existerait encore aujourd'hui de vastes portions de ces galeries, les autres ayant été détruites par des glissements géologiques. Le mystère demeure.
Les grottes énigmatiques de Huashan en Chine m'évoquent cette légende. Elles se situent à 30º de latitude Nord, appelée « parallèle mystérieuse » où l'on trouve plusieurs miracles du monde tels que les pyramides d'Egypte, le triangle des Bermudes, l'arche de Noé et le mont Huangshan de Chine. Dès leur découverte dans les années 2000, ces grottes millénaires artificielles ont fasciné le monde. Il s'agit d'un immense ensemble de palais souterrains en forme singulière, creusés jadis par les hommes. Actuellement, on a découvert 36 grottes qui se répartissent dans les montagnes ou au sous-sol, à 5 km du bord sud du fleuve Xin'an. Leur espace est immense et certaines grottes ont une superficie atteignant 20 000 m². Comme les pyramides d'Egypte, les grottes de Huashan sont une énigme millénaire.
Le début de l'oeuvre pour orgue à quatre mains est une lente passacaille qui évoque ce monde légendaire. Cette marche s'élève progressivement pour faire apparaître un thème plaintif (avec des demi-tons descendants) et des motifs tournoyants. L'écriture s'intensifie progressivement jusqu'au tutti de l'orgue.
La seconde partie reprend le thème initial de la passacaille et l'oppose à une phrase dansante. Cette phrase va progressivement prédominer pour former une deuxième passacaille qui fait apparaître un deuxième thème : « l'appel ». L'écriture ascendante de cet appel diatonique répond au premier thème plaintif. L'écriture devient de plus en plus dense et tournoie jusqu'au tutti maximum de l'orgue.
Les deux parties de l'ouvrage sont à la fois complémentaires et antagonistes. L'appel répond à la plainte. Ce regard vers l'Agartha est celui d'un monde où les forces s'opposent et se conjuguent pour finalement imposer de manière monumentale l'énergie sombre et funèbre du début.